Commande du directeur de la Fenice en 1852, mais le
choix du sujet de la Dame aux camélias ne s'est
pas imposé tout de suite, même si cette
pièce donnée à Paris le 2 février
de cette même année fut un immense succès.
Verdi découvre la pièce mise en scène
par Alexandre Dumas fils lors de sa première
représentation à Paris, il est alors pour
un court séjour dans la capitale française
avec Giuseppina Strepponi. Il a alors trente neuf ans
et a déjà composé dix-huit de ses
opéras.
Avec la composition de la Traviata, Verdi délaisse
les sujets historiques de ses précédents
opéras pour se concentrer sur un sujet plus léger
de drame de murs.
Opéra autobiographique ?
Si la ressemblance avec le sujet de la Dame aux
camélias d'Alexandre Dumas fils est incontestable,
nous pouvons aussi voir dans cette uvre les amours
tumultueuses de Verdi avec la cantatrice Giuseppina
Strepponi.
En effet, durant les années de composition de
l'opéra, Verdi était dans une situation
personnelle très compromettante et sa relation
avec Giuseppina influença considérablement
son choix.
Le librettiste connaissait bien le couple Verdi et Strepponi,
ainsi que leur vie privée. C'est pourquoi nous
pouvons voir, sous les traits de Violetta, la cantatrice
et sa vie tumultueuse ; la première est une courtisane,
la seconde a abandonné ses deux enfants pour
n'avoir à renoncer ni à sa carrière
ni à Verdi.
C'est donc plus Giuseppina que nous retrouvons dans
l'héroïne de Verdi que Marguerite Gauthier
la demi-mondaine de Dumas. Violetta aime profondément
Alfredo pour se sacrifier tout comme Giuseppina aime
Verdi pour accomplir, elle aussi, des sacrifices. Le
personnage de Dumas ne se sacrifie pas de la même
manière.
Intrigue
L'action se passe à Paris au XIXe siècle
(c'est le seul opéra de Verdi dont l'action se
situe à l'époque de la création).
Alfredo Germont, jeune homme de bonne famille tombe éperdument amoureux d'une courtisane Violetta
lors d'un dîner chez des amis communs. Par amour,
Violetta délaisse totalement ses nombreux amants
pour vivre une folle passion avec Alfredo, mais c'est
sans compter sur le père moralisateur d'Alfredo
qui la persuade au nom de la conception bourgeoise de
la moralité d'abandonner son fils. Violetta écrit
alors une lettre de rupture à Alfredo sans expliquer
les réelles raisons de leur séparation,
rendant Alfredo fou furieux. La maladie dont elle était
atteinte réapparaît et c'est seule en compagnie
de sa fidèle camériste que Violetta se
meurt. Par une lettre de son père, Alfredo apprend
qu'elle n'a jamais cessé de l'aimer et que le
responsable de leur séparation n'est autre que
son père. Furieux et repentant, il accourt auprès
de Violetta, mais trop tard : rongée par la phtisie,
Violetta meurt dans ses bras.
Violetta était déjà malade avant
de tomber amoureuse d'Alfredo, mais ce n'est pas seulement
sa maladie qui la fait souffrir. Elle est victime de
la société bourgeoise et des principes
qui la régissent. Elle va mourir, certes mais
heureuse comme elle ne l'a jamais été
avant, heureuse d'un amour retrouvé et enfin
reconnue. C'est un des premiers livrets écrits
jusqu'à présent où l'héroïne
meurt à la fin. Par cet opéra Verdi ouvre
la porte aux futurs opéras de Puccini.
Ce qui est au cur de l'uvre, c'est le sacrifice
de Violetta, sacrifice qu'elle accomplit pour satisfaire
aux règles de la société bourgeoise
de l'époque.
Le thème choisi ici est totalement en dehors
des conventions habituelles de l'opéra romantique
dans lequel l'héroïne est conduite à
la folie, au suicide ou bien encore à finir ses
jours dans un couvent : ici, elle meurt de tuberculose.
Acte 1
Pour oublier sa maladie, Violetta Valery, une demi-mondaine,
donne une fête. Tous ses amis sont réunis
autour d'elle, y compris son amant en titre, le baron
Douphol. Au cours de cette fête, Gaston lui présente
un de ses amis, Alfredo Germont. Celui-ci déclare
sa flamme à Violetta, qui lors d'un duo entre
les deux protagonistes (le fameux Libiamo ne' lieti
calici), se laisse prendre au jeu de l'amour après
y avoir renoncé...
Acte 2
Tous deux vont s'installer à la campagne et partagent
un bonheur parfait lorsque Alfredo apprend par Annina,
la femme de chambre, que Violetta dilapide ses propres
biens pour l'entretien du ménage. Il part alors
à Paris honorer les dettes de Violetta.
Restée seule, Violetta reçoit la visite
du père d'Alfredo, Giorgio Germont. Celui-ci
lui reproche cette union qui déshonore sa famille.
Il lui reproche de dilapider les biens d'Alfredo, elle
lui tend une lettre lui prouvant le contraire. Il évoque
alors sa fille, fiancée à un homme dont
la famille refuse de consentir au mariage tant qu'Alfredo
vivra avec Violetta. Il joue ainsi sur la corde sensible
de Violetta, ajoutant que sa liaison avec Alfredo n'aura
qu'un temps puisqu'elle ne pourra être bénie
par le mariage. Il lui demande donc de renoncer à
cette liaison. Cédant à ses supplications,
Violetta écrit une lettre de rupture à
Alfredo et part à la fête de Flora, son
amie, à Paris.
Lors d'une réception donnée par Flora,
Alfredo arrive seul; Violetta, quant à elle,
arrive au bras du Baron Douphol. Après une partie
de jeu où il gagne, Alfredo appelle les invités
et déclare qu'il veut, devant témoin,
rembourser à Violetta l'argent qu'elle a dépensé
pour lui. Il jette ses gains de jeu aux pieds de Violetta;
les invités sont scandalisés par son attitude,
tout comme son père qui vient d'arriver et le
lui fait savoir devant toute l'assistance.
Acte 3
Violetta est gravement malade, et ses jours sont comptés...
Elle est dans son appartement parisien, soignée
par Aninna. Elle lit et relit la Lettre de Giorgio Germont,
espoir de l'amour retrouvé. Germont avoue dans
cette lettre qu'il a raconté toute la vérité
à Alfredo et que ce dernier va venir la voir.
Sept scènes où l'on assite à l'agonie
de Violetta. Visite du docteur Granville (scène
II), la fête dans les rues de Paris (scène
III), la lettre de Giorgio et d'Alfredo, seule lueur
d'espoir (scène IV), l'annonce de la venue d'Alfredo
(scène V), l'amour retrouvé ( scène
VI), puis Violetta annonce elle même la fin à
Alfredo : "Si tu ne m'as pas sauvée par
ton retour, nul au monde n'en aura le pouvoir".
Et elle meurt.
Personnages et distribution
Violetta Valéry, soprano lyrique chanté
par Élyse Charlebois
Clara Bervoix, mezzo-soprano Michelle Cusson
Annette, mezzo-soprano ou soprano Karine St-Pierre
Rodolphe d'Orbel, ténor Andrzej Stec
Georges d'Orbel, son père, baryton Martin Boucher
Émile, vicomte de Letorières, ténor
Rodrigo Monardes
Baron Raynal, baryton Terence Wojnowski
Marquis d'Obigny, basse Jean-Claude Boudreau
Docteur Germont, basse Luc Major
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